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Homélie du dimanche 9 juillet

Zacharie 9, 9-10 – Psaume 144 (145) – Romains 8, 9…13 – Matthieu 11, 25-30

Homélie du P. Michel Quesnel


C’est après s’être lamenté sur les villes de Galilée qui n’ont pas accueilli son message, que Jésus prononce cette espèce de jubilation. C’est d’abord une prière qu’il adresse au Père, puis une déclaration dont on ne sait à qui elle est destinée : « Tout m’a été remis par mon Père… » C’est enfin une invitation lancée aux personnes qui ressentent péniblement le poids de la vie : « Venez à moi, vous tous qui peinez… »

Les raisons de trouver que la vie est trop lourde sont nombreuses. « Toi qui traînes ta vie comme un filet de pêche… », chantait Gilbert Bécaud, un artiste qu’ont pu entendre les plus anciens d’entre nous. La maladie, les soucis financiers, les problèmes familiaux, rien de cela n’est facile à vivre. Et il y a un autre poids que ressentaient les contemporains de Jésus : le poids des commandements de la Loi de Moïse, que les pharisiens alourdissaient en exigeant des Juifs une espèce de perfection morale, et en ne tolérant aucune faiblesse.

Jésus prend le contrepied de leur position. Parmi ses disciples, il avait précédemment appelé Matthieu le publicain, un collaborateur de la puissance occupante, que les Juifs haïssaient parce qu’il s’était mis service des Romains. Aux yeux de tous, c’était un pécheur.

Dans l’appel qu’il lance à ceux qui peinent sous le poids du fardeau, Jésus utilise l’image du joug : J-O-U-G. Il reprend une image utilisée par ses contemporains pour désigner la Loi juive avec ses multiples commandements. On sait qu’il propose de la réinterpréter entièrement pour en tirer deux commandements fondamentaux : celui de l’amour de Dieu et celui de l’amour du prochain. Pour lui, vivre selon le projet de Dieu ne consiste pas à accumuler des préceptes qu’il faudrait observer avec minutie, mais à aimer, pas seulement en paroles mais aussi en actes. Le joug qu’il propose est alors facile à porter ; si l’on pèche, ce n’est pas un drame, car le Père est un Dieu de pardon. Jésus n’est pas un potentat qui impose une législation exigeante, mais un humble pasteur qui veut le bien de ses brebis, y compris celles qui s’égarent.

Il n’est pas le Messie guerrier qu’attendaient la plupart des Juifs, un roi qui chasserait les Romains avec les armes à la main et gouvernerait d’une main de fer ; mais un Messie d’un tout autre type, qu’avait déjà annoncé le livre du prophète Zacharie : un roi monté sur un âne, sans armes, et non pas un conquérant monté sur un char ou sur un fier destrier ! Les chars, les chevaux de combat et les arcs de guerre, ce Messie plein de douceur en annonce la destruction et la brisure.

Oui, Jésus reprend à la tradition juive l’image du joug, à propos de la loi qu’il propose. L’image est très riche. On ne voit plus de jougs dans les campagnes françaises, les charrues sont maintenant accrochées à des tracteurs, non à des bœufs ; mais l’on sait encore qu’il s’agit d’une barre horizontale que l’on fixait aux cornes des bœufs pour qu’ils tirent une charge. Or, les bœufs, on les attelait deux par deux. L’un des bœufs, c’est le disciple du Christ ; l’autre, c’est le Christ lui-même. Non seulement Jésus propose une loi facile à observer, mais il en porte le poids avec nous. Sa loi est légère, et nous ne sommes pas seuls à la porter. C’est vraiment une Bonne Nouvelle.

L’apôtre Paul, dans l’épître aux Romains, proclame un message proche de celui-là avec d’autres images. Il ne reprend pas l’image du joug. Il nomme à sa place l’Esprit de Dieu qui habite en nous. L’Esprit, en grec comme en hébreu, c’est un souffle, un vent, comme celui qui se manifesta au jour de la Pentecôte. En soufflant dans le sens de notre marche, il nous aide à avancer. Nos déplacements, nos conversions, nos mouvements en faveur de Dieu et de nos frères sont plus faciles que s’il n’y avait pas de vent du tout ou si les vents étaient contraires.

Alors, frères et sœurs, lorsque nous sommes dans la difficulté ou dans la peine, évitons de nous plaindre, et ne cherchons pas à nous faire plaindre. Cela ne sert à rien, et cela nous fige dans une négativité néfaste.

Prenons plutôt conscience que Jésus porte avec nous nos charges, et que l’Esprit de Dieu nous aide à aller de l’avant. Dans le Symbole de Nicée-Constantinople, nous proclamons que le Fils descendit du ciel « pour nous les hommes et pour notre salut », et nous disons de l’Esprit Saint qu’il est Seigneur et qu’il donne la vie. Dans notre marche et dans nos difficultés, nous ne sommes pas seuls.

Ne nous contentons pas de proclamer cela. Essayons d’en vivre.

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